A) Engagements politiques et sociaux
Les engagements politiques et sociaux des jeunes les forment à devenir citoyen.
Dans les années 1960, ce que l'on appelait "manifestation des jeunes" concernait surtout les étudiants, qui ressentaient un besoin de révolte contre le cadre imposé par leurs aînés. Aujourd'hui, les "manifestations des jeunes" concernent également les lycéens. En effet, de nos jours, la jeunesse s'inquiète de plus en plus tôt de son futur, et souhaite y remédier dès le lycée, comme le montrent les manifestations contre le CPE.
Les jeunes ont commencé à s'engager politiquement et socialement à partir de la fin des années 1960. Jusque là, ils agissaient seulement dans le cadre qui leur était imposé par leurs parents, ou leurs aînés. Les révoltes de mai 1968 marquent le véritable début de l'engagement des jeunes, par les nombreuses manifestations et grèves effectuées.
En 1986, le projet de loi Devaquet, consistait à permettre aux universités de sélectionner leurs étudiants, pour ainsi mettre celles-ci en concurrence. Ce projet fut très contesté fin 1986, par les lycéens et les étudiants, car il guidait les bacheliers rejetés des universités vers une infinité d'emplois sans diplômes requis. Nombreux sont les jeunes qui se sont réunis suite à ce projet, et qui ont obtenu son retrait.
Les jeunes du XXIème siècle poursuivent toujours leur engagement, mais de façon différente. Lorsqu'ils s'engagent, ils se tournent plus souvent vers des associations de type culturel, sportif, humanitaire, social... Probablement par souci d'appartenir à groupe, donc de se socialiser.
Certaines municipalités mettent en place des concours pour encourager les jeunes à créer des projets sociaux, écologiques, humanitaires en offrant une aide financière au lauréat, qui devra présenter un rapport d'activité. Ce genre de démarche favorise l'engagement des jeunes, pour le bien de la société.
Les jeunes d'aujourd'hui vivent dans un contexte sociopolitique différent de celui de la génération des années 1960. Le jeunesse étudiante du baby-boom était généralement issue de milieux aisés, et n'avait pas à se soucier du chômage. Quant à la jeunesse ouvrière, elle se dirigeait vers une vie politique, à partir de son engagement syndical.
Un chômeur est une personne en âge de travailler, qui ne travaille pas, qui est disponible pour travailler et qui recherche un emploi.
Aujourd'hui, les jeunes sont vite préoccupés par le chômage, avant même leur entrée dans la vie active, ils se soucient du diplôme qui pourrait leur garantir un emploi. La jeunesse d'aujourd'hui se préoccupe avant tout de son propre avenir.
Récemment, les 16-25 ans se sont massivement mobilisés pour quelques engagements. Tout d'abord, en 2006, les syndicats de salariés et les organisations étudiantes et lycéennes se sont opposés au contrat première embauche (CPE). Ils ne souhaitaient pas avoir un contrat de travail, composé d'une période d'essai de deux ans, pendant laquelle l'employeur pouvait renvoyer son salarié sans donner de raisons. Les jeunes d'aujourd'hui souhaitent se sentir en sécurité en ce qui concerne leur futur. Ces syndicats et organisations ont réussi à faire descendre les français dans les rues, pour lutter contre la précarité de l'emploi. Donc, les jeunes ont envie de faire évoluer la société, et ne pas subir les décisions de leurs aînés, sans concertation.
Ensuite, en 2010, les jeunes ont manifesté contre la réforme des retraites. Cette réforme consiste à allonger la durée du travail, de manière à avoir des salariés qui cotisent sur une plus longue durée. Les pensions de retraites risquent d'être réduites compte tenu de l'allongement de l'espérance de vie, les jeunes s'inquiètent donc de devoir cotiser plus longtemps pour bénéficier de conditions de retraite plus réduites.
Les jeunes sont donc motivés à manifester par une arrivée sur le marché du travail difficile, une augmentation de la précarité, et une peur de la baisse du niveau de vie.
Manifestation anti-CPE
B) Développement créatif
1) Art littéraire
Dans son désir inconditionnel et utopique de révolutionner le monde, la jeunesse a en tout temps participé activement à la création littéraire. Particulièrement inspirés, ne doutant pas de leur manque d'expérience, les jeunes auteurs se sont succédés.
On pense évidemment au poète du XIXème siècle, Arthur Rimbaud qui écrira ses premiers poèmes à l'âge de 15 ans. Digne représentant du talent précoce, son génie s'éteindra cependant à l'âge de 20ans. Il restera malgré tout une des figures considérables de la littérature française. Cet exemple, auteur de poèmes exceptionnels comme Le Dormeur du val est aujourd'hui un cas d'école en matière de psychologie. Il est alors intéressant de se demander si, justement, la jeunesse n'est pas propre à l'imagination et au talent ? Cette période turbulente qu'est le passage de l'enfance à l'âge adulte est-elle propice à une créativité inouïe ? L'imagination et la créativité des adolescents n'est pas une chose à prouver. Mais que celles-ci s'accompagnent d'un talent à l'égal de celui du poète du XIXème siècle reste chose rare. Rimbaud n'est cependant pas un cas unique.
Au XXème siècle, nombreux sont les exemples de précocité littéraire. Françoise Sagan écrira son premier roman, Bonjour tristesse, à l'âge de 17 ans. Elle connaîtra par la suite un succès grandissant mais ce premier roman restera le plus célèbre. En partie autobiographique, Les enfants de l'aube, fût le premier roman de Patrick Poivre d'Arvor alors qu'il n'avait que 17 ans. C'est également à cet âge que Patrick Besson écrira son premier roman, Les Petits Maux d'amour. Loin de Rimbaud dont le talent s'est éteint avec les années dans de veines tentatives littéraires, les écrivains cités précédemment ont eu par la suite une carrière relativement prolifique. Mais leur premier roman reste généralement une pièce maîtresse de leur bibliographie. Comment expliquer ce succès dès le premier roman ? Il est en effet commun de penser que les premiers essais ne sont pas les plus prometteurs, que le succès vient avec temps et le travail stylistique. Mais ces artistes semblent déroger à la règle. Preuve encore une fois que la jeunesse est intrépide, n'éprouve aucune peur et fait preuve de spontanéité. En effet, pourquoi se plier à ce que tout le monde attend d'eux à savoir de commencer par un roman timide ?
Loin de se décourager, la jeunesse d'aujourd'hui perpétue cette tendance. En 2004, à seulement 14 ans, Ariane Fornia publie son premier roman, Dieu est une femme. Plus impressionant encore, en 2007, à seulement 15 ans, Boris Bergmann se voit récompenser du prix de Flore pour son premier roman Viens là que je te tue ma belle. En 2009, Sacha Sperling, 18 ans, vient de publier son premier roman, Mes illusions donnent sur la cour. Deux ans plus tard il publie un second roman Les cœurs en skaï mauve qui divise la critique. Dernier phénomène, Carmen Bramly, jeune lycéenne de 15 ans, publie en 2010 un premier roman Pastel Fauve.
Qu'il s'agisse de Sacha Sperling , Boris Bergmann ou Carmen Bramly, ces premiers romans ont pour caractéristique principale d'être des romans biographiques. Il s'agit là de romans, les personnages sont par conséquent fictifs mais ils sont fortement inspirés de la vie quotidienne de leur créateur. Par le biais d'un personnage plus ou moins attachant, ces auteurs nous livrent donc leur propre expérience. Désintérêt pour les études, disputes incessantes avec les parents et l'ordre en général, haine du système, désirs d'évasion... sont les thèmes récurrents de ce type d'oeuvres. Mais justement, ce désir de rébellion n'est-il pas à l'origine de cette créativité ? Écrire devient alors une manière de s'exprimer, de se rebeller pour ces jeunes qui se sentent incompris, comme abandonnés par cette société à laquelle ils ne souhaitent pas appartenir. Victimes d'un «mal du siècle» bien différent de celui de Chateaubriand ou Lamartine, ces jeunes exprimeraient donc leur solitude et leur mal être par la création.
Rompre avec l'ancienne époque devient alors le mot d'ordre. Bien décidés à casser les codes de l'écriture et à exprimer leur anticonformisme, ces jeunes auteurs se plaisent à révolutionner la typographie du roman. C'est le cas par exemple du jeune primé Boris Bergmann capable de répéter treize fois la même phrase en majuscule. Ce style très particulier est évidemment à rapprocher de celui des SMS et des nouveaux outils de communication en général. Paroles de chansons en pleine narration, irruption de caractères en gras, répétitions rythment ce petit roman insolite qui va même jusqu'à citer l'Evangile. Provocation certes mais provocation intelligente dont peu de personne de cet âge peuvent prétendre être capable.
A travers tous ces exemples une hypothèse se dégage qui est de penser que le désir de rébellion est la source de la création. La contre hypothèse serait de penser que bien qu'empreints de grandes utopies,la création de la jeunesse n'est pas toujours bonne car elle manque de maturité. A chacun de se faire son idée.
Il est intéressant de constater que la quasi totalité de ces jeunes auteurs appartient à des milieux aisés et fréquente les meilleurs établissements. Françoise Sagan, fille de riches industriels, côtoie les bancs de la Sorbonne. Patrick Poivre d'Arvor, bachelier à 15 ans, poursuit ses études à l'Institut d'études politiques de Paris.
Même phénomène pour leurs successeurs : Ariane Fornia est la fille du ministre Eric Besson. Sacha Sperling, ancien élève de l'Ecole Alsacienne du 6ème arrondissement de Paris, est le fils du réalisateur Alexandre Arcady et de l'actrice Diane Kurys. Quant à Carmen Bramly, elle est la fille de l'écrivain Serge Bramly, lauréat en 2008 du prix Interallié et étudie au lycée Fénelon du 8ème arrondissement de Paris. La pure coïncidence n'est pas envisageable, force est de constater qu'il existe un lien entre appartenance à un milieu cultivé et bourgeois et talent précoce.
Il faut sans doute également considérer que ces jeunes auteurs bénéficient, outre d'un environnement favorable, de davantage de facilités pour atteindre et convaincre les maisons d'éditions.
2) Art pictural
Avec les révoltes de mai 68, l'affiche murale connaît un renouveau sous l'initiative de la jeunesse. Les affiches se multiplient mêlant slogans entêtants et images équivoques.
Création et contestation sont alors étroitement liés. C'est en effet par ces affiches que les jeunes font passer leur contestation. Ces affiches usent de slogans révolutionnaires aujourd'hui devenus célèbres tels que « Il est interdit d'interdire », « A bas le vieux monde » ou encore « Aimez vous les uns les autres ». Rejet des valeurs d'une société vieillissante qui se sclérose, désir de changements, messages de paix sont les sujets les plus souvent abordés. Ces affiches sont donc le reflet de la pensée de la jeunesse de l'époque, elles sont le support concret de leurs protestations.
Elles sont empreintes de l'esprit de caricature du XXème siècle mais contrairement à cette dernière exécutée par des artistes reconnus, elle est, en 1968, l'oeuvre de la collectivité et gardée précieusement sous l'anonymat. Ceci dénote un désir d'appartenance à un groupe sans quelque reconnaissance personnelle. Par cette appartenance à un groupe, les jeunes tentent sans doute de combler ce vide causé par le manque de sens, selon eux, de leur société.
Ces messages se veulent brefs, accessibles à tous car ils s'adressent au plus grand nombre. En effet ces images servent à véhiculer les idées des manifestants et ne peuvent donc pas se permettre d'être comprises par seulement une minorité de la population. L'idée principale de cet affichage mural est donc de délivrer un message et ce au plus grand nombre. Avec l'arrêt des contestations, l'affichage mural commence à perdre de la vitesse et finit finalement par disparaître.
Aujourd'hui c'est le tag ou graffiti qui a remplacé ces affiches murales et qui servent aux jeunes à s'exprimer. Le graffiti se définit comme une inscription ou un dessin gravé ou dessiné sur les murs. Le tag, lui, est une inscription de logos individuels. Depuis quelques années tags, graffitis et autres inscriptions fleurissent sur toutes les surfaces imaginables. De plus, ces inscriptions, qu'on associe de manière simpliste aux quartiers défavorisés et dits « à risque », ne connaissent pas de barrières spatiales et s'installent dans les quartiers bien moins défavorisés.
Mais quelles sont les motivations de ces jeunes qui utilisent les murs pour s'exprimer ? Sont-elles identiques à celles de mai 68 ? Il semblerait que non. En effet par la création de ces affiches murales, les jeunes voulaient avant tout véhiculer une idée, une opinion. Ces idées étaient majoritairement d'ordre politique, économique ou social. Or de nos jours hormis quelques exceptions, les tags ne délivrent aucun message et encore moins de message d'ordre politique. En fait le tag fait référence à son créateur, le graffeur, qui produit cette œuvre comme pour signaler sa propriété sur un lieu, se rendre maître de l'endroit. Le tag est une signature, bien personnelle à chaque graffeur. Or l'une des caractéristiques des affiches de mai 68 est de préserver l'anonymat de ses créateurs. Le tag comme le graffiti est en réalité purement personnel, l'artiste cherche à prouver son talent et non à faire passer un message. Il faut cependant nuancer ce propos car il existe évidemment quelques inscriptions qui véhiculent de réels messages mais elles restent rares. Les causes majeures de la présence de ces inscriptions restent tout de même le soucis de s'approprier un endroit et celui d'exercer son talent.
Autre différence avec l'affiche de mai 68 : le mode de production. En 1968 les affiches murales se veulent l'oeuvre de la collectivité preuve d'une solidarité unie contre la société rejetée. Les décisions sont prises dans une assemblée dans laquelle chaque participant a la possibilité de s'exprimer. Or les tags sont aujourd'hui réalisés par une unique personne, rarement par petit groupe d'artistes. S'agit-il d'une preuve que notre société est malheureusement de plus en plus individualiste ? Ou est-ce simplement un désir des artistes d'avoir une reconnaissance personnelle.
De plus, l'affiche murale de mai 68 prétend pouvoir être comprise par tous et utilisait pour cela des messages clairs. Le tag prend le contre-pied puisqu'il s'adresse généralement à des initiés.
Cet art de la rue est en effet extrêmement codifié et ne peut en général être compris que par de réels amateurs. Mais alors qu'est ce qui pousse ces jeunes à s'exprimer dans les rues ? Certains considèrent cette manifestation artistique comme une dégradation, un simple désir de détruire son environnement. Pour d'autres il s'agit réellement d'un art. Du 27 mars au 26 avril 2009 le Grand Palais a organisé une exposition intitulée « Tag au Grand Palais » preuve que cet « art vandale » est bien un art à part entière.
3) Art musical
Dernier lieu d'expression de ces jeunes en mal de reconnaissance : la musique. Art intemporel et universel, la musique sert en effet à véhiculer un certain nombre de messages parfois à teneur politique ou sociale. Cette idée de faire passer un message est également commune à l'art pictural et littéraire mais elle a un trais particulier propre à l'art musical dans la mesure où elle est réellement universelle. Car des personnes qui, de par leur goût ou bien leur intellec, ne s'intéresseraient pas aux arts picturaux et littéraires, ne peuvent pour ainsi dire, pas "échapper" à la musique qui est aujourd'hui plus que présente dans notre société.
La musique qui par définition se restreint au seul domaine de la distraction devient alors un moyen détourné pour les auteurs de faire passer leurs opinions et idées notamment politiques.
C'est le cas du chanteur Renaud, aujourd'hui artiste reconnu, qui écrit sa première chanson à l'âge de 16 ans en 1968. "Crève salope" dénonce la société vieillissante critiquée lors des révoltes de mai 68. Cette chanson devient d'ailleurs rapidement le signe de ralliement des étudiants manifestants.
Dans le même esprit, certains chanteurs de notre époque font cohabiter mélodies entraînantes et messages sérieux. Le style qui aujour'hui s'apparente le plus à cet esprit est le rap. Appelé "rap politique" ou encore "rap conscient", ce style se veut le porte parole de groupes socio-culturels souvent laissés pour compte par la société. C'est le cas de groupe comme NTM, Assassin, IAM et bien d'autres. Les sujets les plus souvent évoqués sont l'intolérance, le racisme ainsi que les inégalités en général.